La résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel. En effet, les antibiotiques, comme par exemple la pénicilline, proviennent à l’origine de mycètes (champignons), ou d’autres bactéries que l’on trouve naturellement dans le sol. Pour survivre, les bactéries doivent s’adapter avec le temps pour développer une résistance à ces antibiotiques naturels. Normalement, les niveaux d’antibiotiques dans l’environnement sont très faibles. Dans les années 1930 (juste après le développement de la pénicilline), les infections causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques étaient rares.
La surconsommation et la mauvaise utilisation des antibiotiques ont accéléré le développement et la propagation de la résistance à l’échelle mondiale. On estime qu’environ 200 000 à 250 000 tonnes d’antimicrobiens sont produits et consommés dans le monde chaque année.[1] [2] Environ 70% de ces antimicrobiens sont consommés par les animaux et 30 % par les humains.
La plupart des antibiotiques consommés par les humains et les animaux sont éliminés dans l’urine et les excréments puis entrent dans les réseaux d’égouts, contaminant ainsi l’environnement. Lorsqu’elles sont exposées aux antibiotiques, les bactéries vivant dans les organismes humains ou animaux peuvent elles aussi développer une résistance aux antibiotiques, et se propager à d’autres personnes ainsi que dans l’environnement.[2] [3]
Les personnes atteintes d’infections bactériennes avérées doivent être traitées avec des antibiotiques. En revanche, celles qui n’ont pas d’infection bactérienne ne doivent pas en prendre. Sir Alexander Fleming, qui a découvert la pénicilline et a très vite anticipé le problème de la résistance aux antibiotiques, disait déjà :
« Ceux qui abuseront de la pénicilline seront moralement responsables de la mort des patients qui succomberont aux germes résistants. »
De nos jours, la pénicilline est rarement utilisée pour traiter les maladies infectieuses communes chez les humains et les animaux, car la plupart des agents pathogènes courants sont déjà résistants à la pénicilline. À la place, diverses autres familles d’antibiotiques sont administrées. On estime qu’environ 700 000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antimicrobiens et que ce nombre pourrait atteindre 10 millions par an en 2050.[1] Malheureusement, aucune nouvelle classe d’antibiotiques n’a été découverte depuis des décennies.
« Il faut lancer une campagne mondiale de sensibilisation pour faire prendre conscience à chacun du problème de la résistance aux antibiotiques et éduquer le grand public sur la question. Je considère qu’il s'agit là d’une priorité urgente », a déclaré Lord Jim O'Neill (Président de la commission d’examen de la résistance aux antimicrobiens du Royaume-Uni).[1]
Quelques vidéos sur la résistance aux antibiotiques :
L’apocalypse antibiotique décryptée
L’évolution de la résistance aux antibiotiques| Science News
Références
1 O'Neill, J. (19 mars 2016). Tackling Drug-Resistant Infections Globally: Final Report and Recommendations. The Review on Antimicrobial Resistance. Consulté sur : https://amr-review.org/sites/default/files/160525_Final paper_with cover.pdf
2 Sarmah, A. K., Meyer, M. T., & Boxall, A. B. (2006). A global perspective on the use, sales, exposure pathways, occurrence, fate and effects of veterinary antibiotics (VAs) in the environment. Chemosphere,65(5), 725-759. doi:10.1016/j.chemosphere.2006.03.026
3 Boeckel, T. P., Brower, C., Gilbert, M., Grenfell, B. T., Levin, S. A., Robinson Laxminarayan, R. (2015). Global trends in antimicrobial use in food animals. Proceedings of the National Academy of Sciences,112(18), 5649-5654. doi:10.1073/pnas.1503141112